« Elle envahit votre espace »

« Elle envahit votre espace »

Aujourd’hui, c’est le premier jour des vacances et j’ai peur. Peur de passer du temps avec ma fille.

Et oui, sur ce blog, souvent, on rigole, on prend les choses au 435e degré. Mais ces derniers temps, je suis en souffrance. Oui, je n’hésite plus à le dire, je souffre de ma relation avec ma fille.

Elle a toujours été très en demande. Je pense que lorsqu’elle était bébé, on aurait pu lui coller l’étiquette de BABI. Bébé Aux Besoins Intenses, oui c’est ce qu’elle était.

En grandissant, on lui a décollé cette étiquette. D’ailleurs, vu de l’extérieur, je pense qu’on a du mal à comprendre mon mal-être. Ma fille est une petite fille que les gens adorent recevoir. Chez les autres, elle est polie, calme, gentille, douce. Elle ne fait pas de bruit, elle ne fait pas de bêtises. Dans la rue, elle reste à côté, elle ne court pas. Dans la maison, elle reste toujours à proximité. Ceux qui la côtoient un peu plus la trouvent peut-être un peu peureuse.

Cette peur, je l’ai longtemps prise -je ne dirais pas à la rigolade- mais à la légère disons. Je suis même allée en parler à la télé. « Mon enfant a peur de tout ». C’était le thème de l’émission. Elle a peur du noir, peur de prendre le métro, peur de prendre l’ascenseur, peur des portes fermées…

Mais au final, tout ça lui pourrit la vie. Elle met un temps fou à s’endormir, elle fait des crises de panique pour tout et rien, elle ne veut plus dormir à l’extérieur…

Il y a quelques mois, pour tenter de comprendre et de l’aider, je l’ai emmenée chez une pédo-psy. En quelques séances, elle s’est sentie mieux mais surtout, j’ai compris des choses. Des choses que j’ai l’impression de ne pas pouvoir surmonter. Comme si c’était ma faute.

Lors de la première séance avec la psy, cette dernière m’a fait remarquer quelque chose que je ne voyais même pas. Alors qu’on avait deux chaises pour s’asseoir, la Miss venait sur ma chaise, me poussait, prenait ma place, envahissait mon espace. Et moi presque naturellement, je la laissais faire. La psy m’a fait la réflexion : « elle envahit votre espace ».

Après quelques séances, je me suis rendue compte que tout tournait autour de moi. Ce besoin de fusion qu’elle a toujours eu. Ne pas trop s’éloigner, ne pas dormir ailleurs, me contrôler, presque me manipuler pour m’avoir pour elle. Elle s’imagine des choses, se crée des peurs pour redevenir la petite fille qui a tant besoin de moi.

Ces quelques séances lui ont fait un bien fou. On a vraiment senti la différence. Et puis pour des raisons diverses, on a stoppé les séances.

Et tout a recommencé.

Hier, j’ai craqué. Un repas de famille, des places attribuées et la Miss qui fait une énième crise pour être à côté de moi. Envahir mon espace une fois encore. J’ai craqué devant ma famille, lors d’un moment qui aurait du n’être que festif.

Aujourd’hui je le dis : j’étouffe de cette relation avec ma fille. J’étouffe de cette exclusivité. J’aime ma fille plus que tout mais je n’en peux plus. Je ne peux m’empêcher de comparer avec ses copines. De voir que la seule qui a pleuré des semaines à l’école, que je devais arracher à mes bras pour qu’elle aille au cours de musique, qui refuse désormais de dormir chez ses copines pour rester avec moi… Je n’ai plus de patience, je n’ai plus d’air. J’étouffe, je ne supporte plus son amour inconditionnel.

Evidemment, je m’en veux. Je m’en veux quand je la rejette. Je m’en veux quand j’aspire à être seule, quand je me réjouis d’être loin d’elle. Je m’en veux de privilégier son bien être à celui de Raoul, de me languir de la reprise du boulot, d’avoir peur de passer du temps avec elle…

Jeudi, nous allons à nouveau voir la pédo-psy. Cette fois, nous allons essayer de nous tenir à ces séances qui lui ont fait tant de bien. Et je vais prendre sur moi pour que cette semaine se passe bien. Il le faut bien. Mais à vous je l’avoue : j’ai peur. Et pas envie du tout… Et bien-sûr, je m’en veux pour ça…

coeur avec les doigts

5 Comments on “« Elle envahit votre espace »

  1. Je reconnais mon fils dans ton témoignage.
    Petit, il ne me lachait pas, il était beaucoup trop fusionnel. Il vivait mal toute séparation.
    Les pleurs à l’école,…pour le départ 5 jours en colonie de vacances pourtant à l’age de 9 ans… le sentir trop fragile
    par rapport aux autres
    Cette impression d’étouffer et la culpabilité qui en découle.
    Il manquait terriblement de confiance en lui, Je pense qu’il avait besoin d’un cocon, d’un endroit où se sentir en sécurité et que finalement ce cocon, c’était les bras de maman.
    Aujourd’hui il a 14 ans, il est mieux dans sa peau et ses copains sont devenus plus importants que moi !
    Ta fille se détachera de toi à l’adolescence mais tu as raison de consulter maintenant afin de l’aider au mieux.
    Bon courage à toi.

    Gwen.

  2. Ho !
    Je te souhaite de parvenir à passer de bonnes vacances, de parvenir à avoir de bons moments avec ta fille.
    Les séances lui ont fait du bien, ça devraient vite redevenir vivable j’espère…

  3. Ce que tu décris sur la chaise de laquelle elle te pousse pour s’assoir, me parle tellement…
    Ouistiti est plus petit mais je le reconnais énormément dans ce que tu décris.
    Je croise tout pour que ces vacances soient douces <3

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