Derrière l’écran…

Derrière l’écran…

Ce billet, j’ai hésité à l’écrire. Par ce que poser des mots c’est déjà admettre qu’il y a un problème.

Je n’aime pas les blogs sans âme, ceux sur lesquels les enfants sont beaux et parfaits. J’aime l’imperfection, j’aime la vraie vie. Mais pour autant, je ne raconte pas tout.

Je raconte avec humour mes ratés de Maman, les fois où les enfants m’énervent, les fois où je suis une mauvaise mère comme on dit… Mais je ne peux pas m’en empêcher, je mets un filtre devant chaque photo, devant chaque mot, pour que la réalité soit si ce n’est parfaite, du moins drôle, touchante ou jolie.

En ce moment, je ne vais pas très bien. Je ne vais pas très bien parce que je me sens une très mauvaise maman. Qui ne sait pas comment gérer sa fille. Qui fait tout son possible et qui ne réussit pas et ce, au détriment de son fils.

Je ne vais pas bien et je sais qu’elle ne va pas bien non plus. Je sais que l’homme ne va pas bien aussi (et qu’il me tordrait le cou s’il voyait que j’écris ça ici).

Notre séjour de rêve aux États-Unis n’a pas été si idyllique. Derrière les belles photos de paysages et les souvenirs merveilleux, se cachait une crise par jour, des cris, des pleurs, des TOC et des obsessions à n’en plus finir. Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond dans sa jolie tête. Vu de l’extérieur, je me dis que ça doit passer pour des caprices ou des colères. Qu’on doit passer pour des parents laxistes qui disent trop facilement oui.

La vérité c’est qu’aujourd’hui, je crains que chaque parole que je prononce, que chaque situation dégénère. Car c’est imprévisible. C’est son frère qui lui passe devant pour aller aux toilettes, c’est le bisou du soir qui n’est pas dans le bon ordre, c’est moi qui la presse un peu trop le matin alors qu’elle rêvasse et qu’on est pressé… Si le moindre grain de sel dérègle ses habitudes, si on ne suit pas son protocole de vie, si on ne répond pas à ses questions, à ses obsessions, si on est pas parfaitement précis lorsqu’elle nous interroge, ça peut partir très loin.

Elle compte tout. Les bisous, les bonbons, le temps qui passe, les kilomètres. Et elle recompte et elle s’énerve.

Elle s’obstine. Si elle a une idée précise à nous partager mais qu’on ne comprend pas ce qu’elle veut dire, elle se met dans des états pas possible.

Et quand elle commence une crise, on ne parvient pas à l’arrêter. Elle pleure, elle crie, elle est dans un état second et l’extérieur n’existe plus. Pas même le regard des autres, pas même nos paroles, nos gestes. Alors trop souvent on craque. Parce qu’on en peut plus et qu’on a plus de patience. Parce qu’on a l’impression de galérer depuis des années sans trouver de solution. On est allés voir une psy, elle l’a testée et a défini sa précocité. Mais cela ne nous a pas aidé. Car le mal est plus profond, plus pernicieux. Et nous pose mille questions. On se rassure en se disant qu’à l’école tout va bien, elle est bien intégrée à l’école, elle a des tas de copines avec qui elle vit des histoires de copines… Même si ces mêmes copines ont déjà été témoins de certaines crises, pas les plus violentes mais déjà…

La semaine prochaine, elle a rendez-vous chez un pédo-psychiatre qui va -je l’espère- nous aider à y voir plus clair. Parce que pour l’instant, je suis dans le flou et mon réservoir est à sec…

11 Comments on “Derrière l’écran…

  1. Chaudoudoux <3
    Tu sais que je vis les mêmes difficultés avec mon 13 ans qui ne veut consulter personne de peur d'être déçu et qu'on ne sache pas répondre à ses attentes encore une fois. Bref il fait des efforts mais ça dérape souvent encore. Il y a des périodes d'accalmies et d'autres difficiles. Il faut que je sois tout le temps à l'écoute avec lui. Son frère et sa soeur pâtissent de ses exigences, de ses TOC. Si ta pédo-psy fait des merveilles, je veux bien son adresse 😉

  2. Tu es une mère tout simplement, qui s’inquiète et qui angoisse, parce qu’elle voudrait que ses enfants passent de bons moments, se construisent de beaux souvenirs (et qui dit que ce n’est pas le cas? Qui dit que dans quelques années tout ce qui restera des USA ce ne sera pas que « c’était juste génial! »?)
    En plus, vous avez la démarche de l’aider et de vous faire aider. Tu es juste une mère qui aime ses enfants mais se sent parfois – souvent – démunie. Comme beaucoup…Parce que votre miss a besoin de beaucoup verbaliser, de beaucoup échanger, de beaucoup être écoutée, mais qu’elle n’est pas toute seule… en grandissant elle se corrigera probablement toute seule. Mais le cocon familial est l’endroit le plus indiqué pour exprimer son mal être, les enfants nous réservent leurs « crises », et c’est tant mieux.
    Courage à vous.

  3. J’espere vraiment que vous allez trouver des réponses et un équilibre. Il y a eu pas mal de changements ces derniers temps, je crois comprendre qu’elle a besoin de repères. La bonne nouvelle c’est que vous êtes à l’écoute et aimants (et peu importe les moments où vous craquez !). Du courage et plein d’espoir dans ce nouveau suivi.

  4. Courage, on traverse des tempêtes un peu similaires avec Pimprenelle. Le pire, c’est ensuite qu’elle s’en veut énormément, qu’elle se traite de nulle, elle me dit qu’elle aimerait bien arriver à être une petite fille douce et calme. Alors, je lui dis qu’elle est comme les tempêtes de l’océan, et ça lui plait. Je crois qu’elle doit apprendre à se connaître, apprivoiser son cerveau, son fonctionnement particulier, faire son deuil d’un certain nombre de choses (les autres ne seront jamais aussi rapides / parfaits qu’elle le souhaiterait et c’est dur de se résigner. Je crois que vous suivez la bonne direction, il faut qu’elle puisse être accompagnée par quelqu’un qui la comprenne. En attendant, le papa de mes filles n’a jamais été « diagnostiqué » et je vois les dégâts de toute cette colère à l’âge adulte … alors vraiment, c’est une bonne décision. Je sais aussi ce que ça fait d’être le réceptacle de toutes ces émotions et de cristalliser toutes ces frustrations, et d’avoir l’impression d’en prendre plein la figure …. Le papa de Pimprenelle me dit souvent de la laisser souffler, crier, décharger le trop plein dans son coin sans être sur son dos, j’essaye de l’écouter parce que je pense qu’il sait …

  5. J ai connu des difficultés semblables avec mon fils où la question d un ted ou une précocité était posée. Le Neuro feed Back nous a été d un grand secours. Nous avons fait appel à une psychomotricienne formée à cette pratique et il était bcp plus serein après plusieurs seances. Le hic, il faut en faire un certain nombre et ce n’est est pas remboursé. Par contre, nous qui étions sceptiques sommes convaincus. Après c est comme toute forme de thérapie, ça ne convient pas forcément à tout le monde mais c est une bonne piste. Son cabinet est à Saint Maurice à Lille et son site est bien référencé….

  6. Je pense que tu fais bien de l’emmener voir un psy. Deja parce que lui saura probablement mettre un mot sur son mal. ET donc une probable solution.
    Et surtout ca transpose le problème sur ses épaules et non plus seulement sur les tiennes.
    J’ai passé le pas avec ma fille pour un tout autre soucis, et même si le pbm n’est pas encore réglé, ce n’est désormais plus uniquement mon probleme. Je le partage avec un professionnel compétent. Courage en tous cas.

  7. Non, tu n’es pas une mauvaise mère. Juste une maman attristée de ne pas réussir à aider seule sa fille. C’est différent !
    Je te souhaite que ce pédo-psychiatre puisse vous aider. Et si ça ne marche pas, eh bien ça sera avec un autre, ou une autre méthode.
    Bon courage, même si je me doute que tu as parfois envie de baisser les bras. ça finit toujours par aller mieux, même si cela prend du temps

  8. Je comprends tout à fait ton inquiétude, face à cette incompréhension. Ne pas savoir comment faire avec son enfant, être impuissant c’est terrible. Mais sache que même si tu as l’impression de céder, de passer certaines choses ne fait pas de toi une mauvaise. En allant chercher des solutions auprès des autres montre tout ton amour pour elle. Bon courage dans votre parcours mais aussi pour votre vie au quotidien, que personne d’autres ne peut imaginer <3

  9. Je vis quasi la même chose avec mon fils. Il se cherche, il se sent différent, les autres le perçoivent comme « différent ». il nous complique la vie, on doit lui détailler le programme du weekend et remplir tous les vides, et gare à nous parents si on s’écartent du programme, il entre dans des colères noires. Il est jaloux de son frère. Seul lui compte. Il est harcelé à l’école car il ne cherche que la compagnie des filles, qui parfois sont cruelles avec lui. C’est mon fils, je l’aime mais parfois je voudrais échapper à tout cela.

  10. Je n’ai pas de piste à te donner mais beaucoup de compassion. Je suis moi-même souvent à court d’idées pour aborder les choses autrement avec mes mousticks. Mon véritable soutien est le suivi psy qui permet de mettre des mots sur les maux. Ce qui ne m’empêche pas d’être à bout très régulièrement. J’espère que la pédo-psy lui correspondra et pourra faire évoluer la situation.

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