[Billet invité] Le 1er jour du reste de ma vie
Je suis très heureuse aujourd’hui d’accueillir Hélène que je suis depuis de nombreuses années. Elle est derrière les blogs Les Petites Berniques et Com2Filles et vous raconte ici ce qui lui est arrivé l’année dernière…
J’ai toujours été (hyper) active, beaucoup de travail, des responsabilités, mariée, 3 enfants, 2 blogs, …
Un entourage qui conseille de travailler moins, et le besoin de prouver à tout le monde et à moi même que je peux tout mener de front. La crise sanitaire et les confinements n’ont fait que renforcer la charge mentale familiale tout comme au travail… Nous avons tous vécu cette période comme un véritable séisme. Vivre en autarcie à 5, alors que nous avions l’habitude de peu nous voir, gérer le boulot en télétravail, assurer auprès des kids H24 quand mon homme était de garde, etc. Je parlais déjà de résilience puisque je trouvais que nous faisions preuve d’une incroyable capacité à surmonter cet épisode extraordinaire. Je découvrirais rapidement que ce n’était qu’un avant-goût. En ce début d’année 2021, mon organisme était donc déjà bien mis à mal.
Le 19 avril 2021, ma vie a basculé
Après plusieurs jours au plus mal et me voyant m’enfoncer, mon amoureux m’emmène aux urgences… et ainsi commence ma lutte pour sauver ma vie, notamment en service de réanimation. Les soignants mettent alors tout en œuvre pour me sauver la vie. CIVD, septicémie, coagulopathie, syndrome méningé. J’ai peu de souvenirs, je suis là mais je ne suis pas vraiment là. Les hallucinations, la lumière, je suis assez sereine bizarrement et je me laisse aller. Se sentir flotter, bercer, ne plus ressentir de douleur, ne pas avoir peur, aucune angoisse, une sorte de bien-être indéfinissable. Est-ce que ce sont les médicaments que l’on m’a donnés ? Ou l’expérience de la mort imminente ? Peut-être un peu des deux !
On découvrira ensuite les thromboses et l’embolie pulmonaire.
Nous sommes en plein pic COVID à l’hôpital, les visites sont réduites. Mon mari passe me voir quand il en a le droit. Au bout de 10 jours, on me renvoie à la maison, mais je ne suis que l’ombre de moi-même. C’est en retrouvant mes 3 garçons que je pleure pour la première fois depuis le 19 avril, une première prise de conscience, j’aurai pu ne plus jamais les voir, et vice et versa. Ils mettront tout en œuvre tous les 4 ainsi que d’autres proches pour m’aider à remonter la pente.
Mes premiers petits bonheurs, ce sera, outre d’avoir retrouvé les miens, de prendre une douche seule. Un exploit ! Pour le moral, quand j’avais un peu de force, j’ai créé, un peu, beaucoup, passionnément, le DIY, fut libérateur… et salvateur ! Un an après, j’ai encore mesuré mes progrès. Il m’aura fallu 365 jours pour parvenir à dévorer un livre en 2 jours. Une petite victoire mais quel bonheur.
On ne saura jamais officiellement ce qu’il m’est arrivé, ni pourquoi moi, j’ai eu la chance de survivre
Mais, c’est ok ! Et tout ce qui compte, c’est que je suis bien là !
Il m’aura fallu plusieurs semaines pour prendre conscience de la gravité de ces quelques jours de lutte, de la réalité d’être passée aussi près de la mort.
J’ai repris le boulot au bout de 5 mois, en mi-temps thérapeutique car je ressentais le besoin de (re) trouver une utilité. Ce fut difficile, probablement un peu trop tôt.
Après la peur et la colère, il aura fallu quelques mois de plus pour accepter. Accepter ce qu’il m’est arrivé, accepter que mon corps ne retrouvera peut-être jamais toute l’énergie que j’avais avant.
Et si tout cela était arrivé pour une bonne raison, à ce moment-là de ma vie ?
Mes proches détestent que je dise cela. Pourtant, c’est comme ça que je veux voir les choses. C’est arrivé à un moment où j’étais littéralement épuisée après plus d’un an de Covid, de confinements successifs, de travail et télétravail, de 3 kids, etc.
C’est grâce à tout cela que j’ai rencontré ou (re) croisé des personnes extraordinaires. Comme si tout était écrit, les bonnes rencontres au bon moment pour m’aider dans mon cheminement, amis, collègues, ostéopathe, hypnothérapeutes, psychologue, etc. Je les ai toutes ressenties comme des coïncidences au goût de synchronicités. Des échanges qui ont pris sens, provoquant des électrochocs et remises en question au moment opportun. A chaque fois une petite pierre à l’édifice pour surmonter le choc post-traumatique.
Mais, ce que je peux vous dire, c’est qu’en plus d’un an, j’ai tellement appris !
=> L’entourage ! Je le savais déjà, mais ce qui m’a boosté dans les moments difficiles ce sont mes proches, famille et amis, j’ai beaucoup de chance de les avoir tous à mes côtés. Mes enfants et mon mari ont fait preuve d’une force folle pour m’épauler au quotidien, quand tout était difficile. Eux aussi ont dû accepter que je n’ai plus la même énergie.
=> La patience ! On ne se remet pas en quelques jours d’un tel séisme. Il a fallu un long chemin pour accepter que mon corps n’avance pas plus vite et que je ne puisse pas tout faire comme avant. D’ailleurs, les “sois patiente” de mon entourage avaient le don de me crisper encore plus pendant cette phase d’acceptation !
=> La priorisation ! Reconnaître les vraies urgences, hiérarchiser, etc. Se recentrer sur ce qui est essentiel pour mieux gérer mon quotidien, j’ai clairement gagné en sérénité !
Ce sont peut-être les années qui passent, les bouquins de développement personnel que je lis ou bien le fait d’avoir frôlé la mort, mais j’apprécie toutes les petites choses de la vie. Ce n’est pas pour rien que cela va faire presque 2 ans que j’écris chaque jour 3 kiffs. Ce choc traumatique, n’a fait que renforcer ma collaboration avec la team verre à moitié plein !
Alors, vous savez quoi ? Ne lâchez jamais rien car ce qui ne vous tue pas, vous rendra plus fort.
Évidemment, mon ancien moi se tapit toujours dans l’ombre et les mauvaises habitudes ont parfois la vie dure. Alors, je vais continuer à être ce petit colibri qui fait sa part pour le bien de tout le monde, à la maison, au boulot, en famille ou avec les amis.
Mais cet oiseau, c’est aussi un symbole de résurrection ! A moi de jouer désormais, me donner les moyens de trouver l’équilibre entre toutes mes facettes, devenir une meilleure version de moi-même, alignée avec mes valeurs, apaisée, pour un avenir avec plus de sérénité. Je sais désormais que le bonheur n’est pas une destination. Il faut trouver son chemin pour le cueillir sur la route quand il se présente où le fabriquer ! Car la meilleure manière de vivre est celle d’être pleinement dans l’instant présent.
Déstabilisée donc, mais je ne suis plus perdue, je me (re) construis. J’écoute enfin les messages que mon corps et mon cœur m’envoient depuis des années. Je sais ce que je ne veux plus et j’entrevois où je souhaite me diriger. On dit souvent que du chaos naissent les étoiles… De la chenille naît le papillon… L’heure de la métamorphose est venue, celle de l’alignement aussi.
Quel beau témoignage. Il donne la force et l’espoir à ceux qui découvre la maladie et sont perdus devant la peur de demain , de l’inconnu.
Que tout aille pour le mieux
Quelle expérience et quelle force de vie. Bravo
Merci beaucoup Louise
Merci de ce témoignage. Heureuse de lire que tout va bien désormais.