[Lecture] La Deuxième femme de Louise Mey
Voilà plus d’un an que je n’avais pas dédié un billet entier à un roman mais celui-ci m’a tellement remuée que je ne pouvais pas faire autrement.
TW : violences conjugales, violences verbales, violences sexuelles
Sandrine ne s’aime pas. Elle trouve son corps trop gros, son visage trop fade. Timide, mal à l’aise, elle bafouille quand on hausse la voix, reste muette durant les déjeuners entre collègues.
Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte, et Sandrine, discrète, aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d’abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule.
Ce roman, j’ai mis plus de dix jours à le lire, ce qui pour moi est très long. Pas parce qu’il n’est pas bon, au contraire. Parce qu’il est tellement bon que je l’ai lu en apnée. Ce roman, il est sur ma liseuse depuis sa sortie et j’ai attendu longtemps avant de le lire. Parce que je savais que sa lecture serait difficile. J’avais lu que certaines lectrices l’avaient abandonné pour le reprendre plus tard. Que d’autres l’avaient carrément mis de côté car il est trop dur.
Si on voulait le qualifier, on pourrait dire que c’est un thriller domestique ou encore un polar psychologique. En tout cas, c’est un roman extrêmement bien écrit dont on ne ressort pas indemne.
Louise Mey réussit à décortiquer une relation d’emprise et de violence conjugale en nous amenant petit à petit à comprendre ce qui se passe au sein de ce foyer. Par petites touches, on comprend l’horreur que vit Sandrine. On comprend comment fonctionne cet homme qui, comme souvent, parait sans histoire vu de l’extérieur.
Depuis toujours Sandrine se sent invisible, seule, sans famille ni amis et soudain, « l’homme qui pleure » la voit. Il la voit, il s’intéresse à elle et rapidement, il lui fait une place dans sa vie, dans sa famille amputée d’un membre.
Et peu à peu, par des mots, par des gestes, la violence, l’emprise s’installent. Il vérifie son téléphone, l’empêche de parler à ses collègues, à d’autres hommes, il la bat, il la viole et on assiste, impuissants à cette escalade dans les violences conjugales.
L’écriture de l’autrice fait beaucoup dans le sentiment que l’on ressent à la lecture de l’historie. Une écriture saccadée, avec peu de ponctuation. On lit sans reprendre son souffle, presque en apnée. C’est une écriture très juste sur le rapport au corps, sur l’emprise, sur la violence la plus sourde.
Et puis il y a la première femme, qu’on a un peu envie de détester au premier abord, cette femme qui réapparait d’un seul coup. Et puis, encore une fois, au fil des pages, on comprend.
Alors, comme je l’écrivais en préambule, si le sujet des violences conjugales est difficile pour vous, abstenez-vous de le lire car il y a de nombreuses descriptions de violences conjugales et elles sont réalistes et donc assez difficiles à lire. Même moi qui ne suis pas sensible sur le sujet, j’ai eu du mal à certains moments. J’ai lu ce roman petit à petit, un chapitre ou deux par soir et pas plus.
Et si, quand vous apprenez un féminicide, vous vous demandez « Mais pourquoi elle n’est pas partie avant? », lisez-le, peut-être que vous comprendrez.
En tout cas, ce roman est mon premier coup de cœur de l’année 2023. Un coup de cœur à la lecture difficile mais essentielle.
Est-ce que vous l’avez lu? Est-ce que vous avez envie de le lire ou au contraire, est-ce que le sujet est trop sensible?
Trouver de l’aide en cas de violences conjugales
Coucou il pourrait me plaire mais en ce moment je suis plus sur des sujets plus léger car janvier j ai lu Fleurs captives et d autres , mais je me le note….merci de ton avis.
Alors au départ je pensais que ce n’était pas du tout mon style de lecture, mais plus je lisais ton article plus je me suis dit qu’il pourrait clairement me plaire.
Effectivement c’est un sujet difficile mais pour autant cela ne sert à rien de faire la politique de l’autruche.
Merci pour cette mise en avant.
Coucou,
Non je ne l’ai pas lu, et c’est vrai que c’est un sujet sensible, mais je pourrais le lire, même si la lecture peut être difficile.
Un peu trop sensible surtout si il y a des descriptions. Mais d’utilité publique c’est certain, car on entend encore trop souvent « pourquoi elle n’est pas partie ». Et je trouve que cette phrase est aussi violente que le reste. L’emprise ôte toute ouverture vers une nouvelle vie, c’est bien pour cela que c’est si difficile de partir.
Merci d’en avoir parlé, peut-être que je me laisserai tenter tout de même. C’est un peu mon challenge, de réussir à lire un jour un tel livre, sans laisser quelques souvenirs se glisser!!!
Coucou,
Je ne le connaissais pas, mais c’est un sujet qui m’intéresse et qui malheureusement trop d’actualité !
Je vais l’ajouter à ma PAL qui ne cesse de grandir ^^
Belle journée,
Laura – Happy Lobster